Il a fallu 3 Conseils européens pour y parvenir, mais les dirigeants de l’Union européenne sont, sauf imprévus, désignés. Ce sont deux femmes et deux hommes : Ursula von der Leyen (Allemagne, PPE) pour la présidence de la Commission, Charles Michel (Belgique, RE) pour la présidence du Conseil européen, Christine Lagarde (France, PPE) pour la BCE et Josep Borrell (Espagne, S&D) pour la diplomatie.
Le président de la Commission doit être formellement élu par le Parlement européen le 17 juillet, ainsi que le Haut représentant pour la politique extérieure, mais le Parlement a été consulté par le Conseil européen et est peu désireux de déclencher une crise en refusant ces choix. La présidente de la BCE doit être formellement élue par le Conseil des gouverneurs des banques centrales qui dépendent de chacun des Etats.
7 groupes politiques cohabitent au Parlement européen. De gauche à droite, il s’agit de la Gauche unitaire européenne (GUE) où figure La France insoumise ; des Socialistes et démocrates (S&D) où siègent le Parti socialiste, Place publique et Nouvelle donne ; des Verts où figure logiquement EELV ; de Renew Europe (RE) dont font partie La République en Marche et ses alliés ; du Parti populaire européen (PPE) où figurent Les Républicains ; des Conservateurs et réformistes européens (CRE) où aucun Français ne siège ; et d’Identité et démocratie (ID) où siège le Rassemblement national.
Enfin Guy Verhofstadt (Belgique, RE) ancien président du groupe libéral, animera une « Conférence européenne » dont le principe a été décidé pour adapter l’UE sur les plans institutionnels et constitutionnels. Michel Barnier (France, PPE) reste chargé des négociations du Brexit.
Lors de la première session plénière du Parlement à Strasbourg (2-4 juillet) David-Maria Sassoli (Italie, S&D) a été élu président. Si aucun député français n’a été élu vice-président, deux d’entre eux ont été désignés questeurs : Anne Sander (PPE) et Gilles Boyer (RE). Les eurosceptiques, n’ont obtenu aucune vice-présidence. Trois français ont obtenu la présidence de commissions parlementaires : Pascal Canfin (RE) prend la tête de la commission Environnement, Karima Delli (groupe des Verts/ALE) de la commission Transports et Younous Omarjee (GUE/NGL) de la commission Développement régional.
Les négociations se poursuivent pour établir une feuille de route pour la législature 2019-2024. Le Conseil européen a adopté un « agenda stratégique ». Au Parlement, les 4 groupes pro-européens discutent d’un programme de travail commun, qui servira de base aux positions qu’ils prendront le 16 juillet pour élire le président de la Commission.
Au total, le processus a permis de désigner des responsables qui sont tous compétents et très pro-européens. L’opposition entre Angela Merkel, qui souhaitait Manfred Weber (Allemagne, PPE) à la Commission, et Emmanuel Macron, qui le refusait, a été surmontée. On peut regretter l’absence des Verts parmi les hauts dirigeants de l’UE, ce qui aurait permis de consolider la majorité. Reste à veiller à ce que le programme de travail commun au Conseil et au Parlement mette bien en avant les priorités issues des élections : environnement, social, protection des citoyens et de l’UE dans une mondialisation pleine de menaces. Ce sera le rôle du Parlement.