Accord commercial UE-Vietnam : un silence radio français

Le Parlement européen a vu naître un tout nouvel accord entre l’Union Européenne et le Vietnam la semaine dernière. Un vote de cette importance lors d’une session plénière aurait dû être mis en lumière par la scène médiatique or la publication d’articles s’est produite à des heures tardives, ne permettant pas de rencontrer son public. Rendez-vous manqué de l’actualité ou symptôme d’un mal plus profond ?

 

Si beaucoup de sujets occupaient les eurodéputés lors de ces quatre journées, c’est bien le partenariat commercial avec le Vietnam qui avait une place centrale. Après une matinée entière de discussion, l’accord de libre-échange s’est concrétisé avec un vote mercredi, à 12h30.

 

Considérant la méfiance des Français à l’égard des accords commerciaux internationaux, il était légitime d’attendre une controverse et pourtant la levée de boucliers ne s’est jamais matérialisée. Si les accords commerciaux à l’échelle internationale trouvent rarement des hérauts parmi les populations européennes, les Français se distinguent tout de même par une vive opposition. Que ce soit le TAFTA (traité de libre-échange avec les États-Unis) ou le CETA (traité de libre-échange avec le Canada), la classe politique a progressé avec grande précaution tant les traités sont impopulaires aux yeux du grand public.

 

Un regard cynique pourrait avancer que le public français n’était pas tout simplement pas intéressé cette fois. Cette théorie se heurte rapidement aux multiples réactions de la classe politique :

 

 

S’il y a de la demande de la part des intéressés, pourquoi le suivi du vote n’a pas été plus médiatisé ? Pour comprendre ce manquement, il faut remettre en perspective le traitement habituel de l’information en France. C’est souvent l’AFP (Agence France Presse) qui dispose des moyens pour collecter et fournir les informations aux autres médias, qui ensuite produisent leurs propres articles. Le problème cette fois ci est qu’en l’absence de rapport en temps réel, le vote n’a pas pu être traité à temps par les tirages nationaux. En comparaison, pour des votes de l’Assemblée nationale, une dépêche AFP est envoyée en amont pour prévenir les journalistes. Ceux-ci peuvent en discuter lors des conférences de rédaction. Ils reçoivent ensuite la décision du vote de façon très réactive par l’AFP, puis l’agence envoie un article plus détaillé qu’ils peuvent reprendre. Pour ce vote européen, seul l’article a été envoyé a posteriori, ne permettant pas aux journalistes de traiter à temps le sujet.

 

 

L’AFP fait figure de référence dans la surabondance d’informations qui compose l’actualité et permet d’aiguiller les autres médias dans leur sélection. Le fait qu’une institution comme l’AFP ait tardé à diffuser l’information sur cet accord commercial prouve-t-il une tendance française à ignorer les sujets européens ou faut-il y voir plutôt un symptôme du mal qui touche le journalisme aujourd’hui : le manque de moyens ? Quel que soit la réponse, il est d’une importance capitale de veiller à ce que l’AFP puisse continuer son travail de couverture de l’actualité européenne afin que chacun puisse se faire sa propre opinion sur le sujet.

 

 

Guillaume Brocard