Allemagne : quand la pandémie balance la présidence

La Chancelière allemande Angela Merkel a tenu a prendre la parole ce samedi 25 avril pour clarifier la situation vis-à-vis du virus et de ce que cela implique pour la future présidence allemande du conseil de l’UE. Bernard Deladerrière du Mouvement Européen Seine-Maritime a bien voulu traduire son allocution et nous propose aujourd’hui de lire ce discours pour nous aider à saisir les enjeux.

« La journée du lundi 27 avril devait être banalisée dans toute l’Allemagne pour parler du projet
européen. Comme plusieurs ministres et les présidents des Länder, je devais y participer dans des
établissements scolaires pour discuter avec les élèves de l’avenir de l’Europe, mais la pandémie a
empêché le déroulement de cette journée. Et c’est d’autant plus dommage que la pandémie est un
défi que doit relever toute l’Europe, encore plus important qu’en temps normal.

Tous les États sont touchés, en particulier l’Espagne et l’Italie, et nous devons réagir ensemble.

Les conséquences économiques vont être particulièrement dramatiques, et pour réparer les
conséquences, il faut tout faire pour que l’Europe, dans cette situation, grandisse ensemble.

L’Allemagne est relativement forte économiquement, ce qui renforce la crainte de certains pays de
sortir affaiblis de cette crise, c’est pourquoi des fonds communs, destinés à notre économie
commune, ont une importance considérable.

Dans la durée, l’Allemagne ne se portera bien que si l’Europe se porte bien.

Nous ne pouvons pas être puissants sur le plan industriel et économique et avoir beaucoup de
personnes en activité si, pendant ce temps-là, l’économie s’effondre dans d’autres pays.

C’est pourquoi une première réunion des ministres des finances était importante pour voir les
programmes d’investissement avec la BEI et assurer ainsi un soutien aux petites et moyennes
entreprises dans tous les pays membres, s’assurer du bon fonctionnement du MES pour les pays qui
ont besoin de liquidités, avec naturellement aussi le programme de la Commission pour aider à payer
le travail à temps partiel dans les pays qui n’en ont pas la possibilité aujourd’hui.

Ce programme doit être mis en place d’ici le 1 er juin.

Mais cela ne suffit pas. À la fin et au sortir de la crise, il faudra un programme conjoncturel, car les
dégâts économiques seront importants ; ce sera donc un programme lié au budget européen dans
lequel l’Allemagne va devoir s’engager bien davantage que ce qui était le cas dans nos planifications
précédentes.

Nous voulons cela pour pouvoir investir dans l’avenir, i.e. dans la protection du climat, – la
Commission a présenté le projet « Green Deal », dans le digital, et dans des capacités stratégiques
dont a besoin l’Europe dans des questions très importantes, comme par exemple ne pas dépendre de
pays extérieurs à l’UE pour la production de masques…

C’est donc un travail incroyable qui nous attend, et l’Allemagne est prête à apporter sa
contribution.

Que signifie la pandémie pour la présidence du conseil de l’UE par l’Allemagne ?

Tant qu’il n’y a pas de vaccin, nous allons devoir vivre avec ce virus, avec cette pandémie.

La présidence allemande sera très différente de ce qu’elle avait prévu d’être initialement, et elle
sera très clairement marquée par la lutte contre la pandémie et ses conséquences.

Il faudra voir comment redonner des forces économiques à l’Europe, œuvrer à sa cohésion
sociale, penser à l’avenir, et donc aborder les questions climatiques et environnementales.

Nous remarquons déjà ces jours-ci en Allemagne que dans plusieurs territoires, il ne pleut pas
suffisamment, et donc sur la table, nous mettrons les questions du climat au même niveau que les
questions sanitaires ; nous verrons comment nous pouvons mettre sur pied dans tous les pays
européens un système de santé efficace, et nous demander où nous pouvons mieux nous
développer ensemble, peut-être aussi nous mettre d’accord sur certains points, par exemple sur
une taxe sur les transactions financières, sur des impôts minimums, sur la question d’échanges de
droits d’émission dans le domaine maritime ou aérien.

Ce sont donc toutes des questions que nous discuterons sous la présidence allemande pour avoir
plus d’Europe, et pour avoir une Europe qui soit plus à la hauteur du 21 ème siècle que ce n’est le cas
aujourd’hui. »

Angela Merkel

Samedi 25 avril 2020
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Cette traduction vous a été proposée par Bernard Deladerrière
La vidéo de l’allocution originale est disponible ici.
Le texte intégral en version PDF est également téléchargeable sur le même lien.