Salle de cinéma via kaykaybarrie
Décrivez-nous votre poste actuel et votre expérience Erasmus + ?
Il y a quelques années, on a accueilli à Paris un intervenant d’un département Son/enregistrement en provenance de Los Angeles qui faisait un tour d’Europe. C’est lui qui nous a dit de prendre contact avec un cursus de Londres, le Master of Art Audio production de l’Université de Westminter.
En bénéficiant des programmes Erasmus +, on a pu avec un collègue aller leur rendre visite pour découvrir comment ils travaillaient. L’objectif était de monter des partenariats, de se découvrir des points communs et d’apprendre des différences de chacun.
Quelles raisons vous ont poussé à partir ? Comment s’est fait la recherche et la préparation ?
Notre responsable Erasmus + a vraiment foi dans la mobilité pour l’enrichissement des élèves et des professeurs. Elle nous a sensibilisé à l’existence de ce programme. Le métier évolue énormément. Toutes les équipes se demandent s’il ne faut pas investir dans telle technique audio du jeu vidéo, aller sur tel logiciel à tel moment… Donc c’est passionnant de confronter ou de conforter ses choix, d’aller pêcher de nouvelles idées.
Au niveau éducatif, il y a une culture du suivi personnalisé au Royaume-Uni. La formation se met au service des ambitions et des projets des élèves. Ça nous a pas mal interpellé et ça peut changer notre manière d’aborder certains enseignements. Cette confrontation des philosophies est riche sur le plan pédagogique, sans vouloir calquer leur modèle, il y a des avantages et des inconvénients partout.
Dans le secteur culturel, quel est la plus-value d’avoir des expériences de mobilité internationale ?
Tous les ans, on a des étudiants intéressés pour faire des échanges. Cette année, on a un élève qui souhaite aller voir l’école de cinéma de Cuba. Une autre a déjà accompagné un artiste sur une installation au Mexique. Pour eux, ça leur donne un avantage compétitif en termes de connaissances et de savoir-faire. Ils ont aussi une ouverture culturelle que n’auront pas les autres jeunes professionnels.
Les différences d’approche de votre métier sont-elles importantes en Europe ? Plus généralement dans l’enseignement culturel ?
En France, on a une approche très académique – je ne sais pas si c’est le bon terme – de la pédagogie. Après il y a des différences, les frais d’inscriptions à l’ENS c’est comme à la fac. Notre partenaire au Royaume-Uni, on parle de 14 000 livres pour une année. Donc le cursus sert plutôt d’accompagnement au projet professionnel que de formation théorique.
Côté Français, on s’attache à donner un socle commun de formation – technique, culturel, historique – à tout le monde. Le cursus est moins ‘à la carte’ que celui de nos voisins anglais. Parfois les étudiants britanniques nous paraissaient un peu légers sur les bases techniques, mais ce n’est pas leur priorité.
S’il y a un truc que vous importeriez en France ?
Ils ont un système de ‘tutorials’ basés sur les échanges individuels professeurs/élèves qui est assez intéressant. Il y a un problème de ressources humaines, mais on pourrait appliquer ça à des groupes un peu plus nombreux. En tout cas, ça m’a conforté dans l’idée d’aller vers cette culture du retour constant sur le travail de l’étudiant. Au Royaume-Uni, c’est tout de suite : « vous faites ça chez vous ou en groupe et après on en reparle ».
Oser partir de la recherche et des projets de l’étudiant, c’est une démarche qui vaut le coup d’être essayé, on essaie de s’en inspirer.
C’est quoi le prochain projet international sur lequel vous bossez ?
Là on essaie de poursuivre en mettant en place des collaborations autour de projets innovants avec des élèves motivés, notamment dans le domaine des interactions sonores. On a ouvert une option de scénographie sonore avec de grandes installations immersives il y a quelques années. On cherche à y intégrer une dimension internationale via des outils numériques.