Pour une Europe numérique confiante, sécurisée et souveraine : soyons innovants et offensifs !

L’Université d’automne du Mouvement Européen s’est tenue du 12 au 14 octobre à Boulogne-Billancourt. Cet événement a été décliné à travers trois jours de rencontres, débats, ateliers participatifs. Dans le cadre de ces échanges, Eric Léandri, Cofondateur et PDG du moteur de recherche européen QWANT revient dans sa tribune sur la souveraineté et la sécurité du numérique en Europe.

 

Le numérique transforme profondément nos sociétés et nos économies ce qui représente un défi majeur pour l’Europe. Bâtie sur des valeurs humanistes, l’Union européenne a fait du respect des droits fondamentaux, notamment le droit à la vie privée et à la protection des données personnelles, un principe qui doit irriguer nos différentes politiques économiques et sociales. Face à d’autres visions concurrentes, le modèle européen du numérique doit être consolidé.

Alors que les observateurs déplorent la prédominance de grands acteurs américains et que les grandes entreprises chinoises se tournent aujourd’hui vers le 2ème marché mondial que constitue l’Europe, le numérique doit être l’un des piliers de notre souveraineté européenne et non pas la faille qui la déstabilisera.

L’Europe dispose de filières d’excellence mondialement connus et reconnus en matière d’innovation et de savoir-faire numériques. Partout sur nos territoires, nous pouvons voir émerger de véritables talents. Nos écosystèmes dynamiques naissants renforcent le développement économique et l’attractivité de nos pays et constituent des leviers puissants pour rayonner à l’international. La France est un pivot de cette capacité technologique.

Les élections européennes approchant, les décideurs nationaux et européens doivent accompagner cette dynamique. Nous devons fixer des objectifs et mettre en œuvre des actions concrètes pour faire de l’Europe la première place numérique au monde au bénéfice des citoyens, du dynamisme entrepreneurial et de l’emploi.

Pour affirmer notre souveraineté européenne, amplifions l’investissement et accélérons la croissance de notre écosystème numérique.

Dès 2019, créons un fonds de garanties européennes pour les champions européens du numérique. Si chercher à créer un champion européen du digital réalisant plus de 100 milliards d’euros de CA est irréaliste et non souhaitable tant il serait un point de déséquilibre, favoriser la stabilité et la force du maillage des entreprises en créant 100 champions européens capables de réaliser chacun rapidement 1 milliard d’euros de CA, est à notre portée !

Ce fonds aurait donc vocation à garantir à hauteur de 100 millions d’euros 100 entreprises de la Tech sélectionnées par un comité et les services concernés de la Commission européenne. Ce dispositif de garanties chiffré à 10 milliards d’euros permettrait de lever les complications liées aux dossiers d’investissements/financements et d’accélérer la croissance des entreprises européennes. Il permettrait à l’entreprise garantie d’effectuer une levée de fonds accélérée pour réaliser ses investissements, croitre et asseoir sa capitalisation. Procédant ainsi, l’Union européenne favorisera l’émergence rapide d’acteurs de la Tech de premier plan et les affranchira des rachats étrangers en favorisant leur capacité à être des compétiteurs en Europe et à l’international.

Pour imposer notre souveraineté européenne, adoptons un dispositif antitrust pour les marchés du numérique et les autres secteurs prioritaires

Depuis des années, la compétition sur les marchés européens est biaisée, les règles de droit de la concurrence permettant à des acteurs extra-européens d’être en position dominante et de détenir plus de 90% d’un marché déterminé. Le cas du numérique en est un exemple criant, avec certaines plateformes qui détiennent déloyalement jusqu’à 95% du marché là où le modèle de concurrence américain proscrit la détention abusive de plus de 70% d’un marché.

Accélérons l’émergence de règles du jeu en Europe propices à la concurrence et à l’émergence d’acteurs privés européens. Ainsi, proposons qu’une entreprise ne puisse pas disposer de plus de 70% d’un marché donné sur le territoire de l’Union européenne.

En redéployant un dispositif d’anti-trust à l’Européenne nous ouvrirons ainsi la concurrence aux nouveaux acteurs du numérique et nous plébisciterons les talents européens.