Tour d’horizon du Parlement européen à quelques semaines des élections

A quelques semaines des élections européennes, François Vié, Président de Mouvement Européen – Pas-de-Calais détaille dans sa tribune la répartition des sièges du futur Parlement européen selon le sondage de l’institut Kantar.

Le Parlement européen vient de publier les projections de sièges (705 dans le nouveau Parlement) établies par l’institut Kantar à sa demande. Selon cette estimation, les deux grands partis majoritaires sont en recul : le PPE (droite) avec 183 sièges est suivi des Socialistes et démocrates, 135 sièges, puis des libéraux, 75 sièges (93 si LREM les rejoint) et du groupe d’extrême droite ENL 59 sièges, des Verts, 45 sièges, et de la gauche radicale avec 46 sièges. Les trois partis eurosceptiques ou europhobe qui représentent 20% des sièges aujourd’hui progresseraient à 22 %. Mais 90 sièges viennent de non-inscrits ou de nouveaux partis qui ne sont pas affectés à ce jour aux groupes déjà mentionnés. Au total l’extrême droite progresse, sans toutefois mettre en péril le fonctionnement du Parlement.

« Un futur Parlement européen plus éclaté »

Le PPE et S&D n’auront plus la majorité à eux seuls. Ils devront s’entendre avec les libéraux et/ou les Verts, pour atteindre la majorité absolue, notamment pour l’élection du Président de la Commission. Il sera aussi plus à droite, non seulement du fait de la pression accrue des eurosceptiques, mais aussi d’une dérive du PPE qui refuse de se séparer de Victor Orban et subit de ce fait une pression interne populiste. La bataille pour l’élection du président de la Commission s’engage. Le PPE propose le méconnu Manfred Webert, mais Michel Barnier est aussi dans la course et le jeu reste ouvert. Il n’est pas impossible qu’une coalition « progressiste » fasse obstacle à l’élection d’un président de la Commission conservateur.

« En France, la campagne des Européennes se met en place »

La plupart des têtes de listes sont désignées. Les noms de celles de LREM et de la gauche modérée sont attendus. On peut regretter que plusieurs d’entre elles soient certes jeunes mais sans expérience européenne et peu connues, tandis que plusieurs personnalités qui ont fait leurs preuves au Parlement européen (Michel Barnier, Pierre Moscovici) se sont mises en retrait. Les listes seront nombreuses à ne pas atteindre les 5 %, et donc à ne pas avoir de député. Près de 20 % des voix seront ainsi exprimées inutilement ou détournées sur d’autres listes. La représentation française au Parlement (79 sièges) restera éclatée en au moins 5 groupes, ce qui en diminuera l’influence. Un tiers des députés français seront eurosceptiques, donc sans rôle constructif.
Pour être efficace au Parlement européen, les délégations nationales doivent être constituées de députés expérimentés, bien élus et influents dans les principaux groupes. Il faut pour cela réunir des candidats solides et connus pour intéresser les citoyens aux enjeux européens et lutter contre l’abstention. Il n’est pas certain que les partis politiques français aient fait tous ce choix, montrant malheureusement leur peu d’intérêt pour l’Europe. Pourtant les enjeux sont considérables. La montée des partis populistes, mais aussi les demandes nouvelles qui se manifestent pour plus de politiques environnementales et sociales le montrent. Il y a une demande d’Europe que les Etats et les partis politiques doivent entendre pour réconcilier L’Europe et ses citoyens.