5 propositions pour des élections européennes sans parti pris

A un an des élections européennes des 23 – 26 mai 2019, il est essentiel de renforcer le poids du Parlement européen dans le paysage politique de l’Union européenne.

Des citoyens européens présentent leurs propositions pour l’avenir de l’Europe lors de l’édition 2018 du European Youth Event. Via European Parliament sur Flickr.

Nous vivons dans une Europe en copropriété depuis plus de soixante-cinq ans : elle implique certaines obligations qui paraissent, à certains, insupportables. En contrepartie, elle permet une économie de charges, des relations humaines plus tolérantes et une position d’union plus forte, face à l’agression extérieure. Or, en relisant le périple de ces élections européennes sous le regard du simple citoyen-électeur, on doit constater que l’euroscepticisme a surtout pris racine dans les dysfonctionnements du trio Commission/Conseil européen/Parlement européen. Il n’est plus adapté. Au fil des ans, il s’est enfermé dans un appareil administratif où l’électeur n’a plus sa place. Le Parlement européen n’a jamais pu jouer le rôle qu’il mérite dans cette édification transnationale « hors norme ».

Les propositions suivantes sont donc essentiellement centrées sur cet objectif :

Des droits assorti à des devoirs

La première de ces propositions concerne l’éligibilité des candidats au Parlement européen. Le droit d’être éligible à cette instance devrait être assorti des mêmes devoirs que ceux pris par les candidats à des responsabilités nationales : agir pour l’amélioration des structures pour lesquelles ils postulent et non pour leur destruction.

Des actions orientées sur des domaines particuliers

La deuxième proposition vise à promouvoir la revalorisation de l’action de l’élu. En analysant les formations de partis ou groupes européens qui ont été constitués, la vacuité de leurs concepts met trop souvent l’élu individuel en porte-à-faux par rapport à sa sensibilité, à sa compétence et à sa volonté de construire sur le long terme. L’abandon de ce modèle de positionnement collectif pour le remplacer par une organisation plus orientée sur les domaines particuliers de compétences permettrait un travail plus approfondi et un contrôle plus strict.

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Des élus redevable vis-à-vis de ses électeurs

La troisième proposition touche à la relation de l’élu européen avec son électorat. Auprès de ses électeurs, il est le porte-parole du travail de l’assemblée pour laquelle il a été choisi ; il doit se sentir redevable vis-à-vis d’eux. La liste nationale dilue trop cette implication, parce que le votant est obligé de choisir un parti sans possibilité de sélectionner la personne la plus motivée et la plus compétente pour faire avancer cette construction européenne. Un scrutin uninominal renouerait le lien distendu avec son électorat. Le mandat de quatre années est-il suffisant pour mener à bien les dossiers très complexes de coordination dont ils ont la charge ? La question reste en suspens.

Une délégation européenne

La quatrième proposition touche au problème posé par nos institutions. Les députés élus au Parlement européen ne constituent pas une personnalité morale. Il est temps de donner à cette représentation, une identité collective intégrée dans nos institutions, une sorte « Délégation européenne » à définir dans le cadre d’une réforme constitutionnelle.

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Une participation citoyenne

La dernière proposition a vocation à clarifier l’ambition de l’Union européenne aux yeux des électeurs. La prise en compte de leurs désirs et de leurs inquiétudes nécessite impérativement qu’elle puisse jouer un rôle éminent dans l’échiquier mondial, par une authentique défense européenne, par exemple, en prenant en compte les nouvelles donnes du lien transatlantique. Le processus qui a conduit, en 2005, au rejet constitutionnel représente le contre-exemple à ne pas réitérer. Un référendum sur des sujets précis, clairement exposés et justifiés couplé avec l’élection du Parlement européen contribuerait à écarter toutes les raisons de l’euroscepticisme.

En conclusion, le sort de l’UE est lié à la perception d’une action vue comme complémentaire et non comme antinomique de l’action nationale.