« Une constitution pour hacker les Traités » : la consultation citoyenne sans tabous du Bar Commun

AgoraLab TV et Toute l’Europe ont animé avec le Mouvement Européen une consultation citoyenne sur l’Europe au bar associatif Le Bar Commun à Paris. Le verbe haut, les participants ont tenu à faire plusieurs propositions d’envergure pour faire avancer la démocratie européenne.

Les internautes ont pu réagir en direct et intervenir dans le débat des consultations citoyennes organisé par AgoraLab. ©Théo Verdier / Mouvement Européen – France

« Que les députés européens nouvellement élus en 2019 forment une constituante. » A peine conclu le premier tour de table de la soirée, Francis prend le micro « pour poser le problème majeur de l’Europe : nous avons des Traités mais pas de constitution ». Il souhaite donner mission au Parlement européen sorti des urnes le 26 mai 2019 d’écrire un texte refondateur pour l’Union européenne.

Une constituante, un Sénat citoyen, … ou la nécessité d’un débat public européen

Rebondissant sur cette première idée, la Secrétaire générale adjointe des consultations citoyennes Gaëtane Ricard-Nihoul interroge le public : « est-ce que cette constituante doit être directement élue ou alors représenter également les Etats membres ? ». Dans la salle on donne la priorité à un lien plus direct entre la vie politique de l’Union et l’ensemble des citoyens. Rudy se lève et questionne à son tour : « est-ce qu’une constitution permettrait de hacker les Traités ? ». Il appelle à « décadenasser » l’Union.

« On parle entre nous au niveau national et nos élus nous représentent sur la base d’un mandat qui demeure également national » commente alors Dominique. Il propose la création d’un « Sénat citoyen » composé d’Européens tirés au sort. Munie d’un droit de véto, cette assemblée participerait de plein droit à la vie politique de l’Union aux côtés du Parlement européen, de la Commission européenne et des chefs d’Etat et de gouvernement des 27 pays membres réunis au sein du Conseil européen. Sur la diffusion en direct de l’événement, un internaute réagit et propose la suppression de cette dernière instance « pour renforcer la représentativité des citoyens ».

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« Si on a des débats Oui/Non au niveau européen, les échanges sont biaisés. On a besoin que les peuples d’Europe parlent ensemble » renchérit Thomas Watanabe-Vermorel du Parti Pirate. Il plaide pour « une démocratie liquide, assistée par ordinateur ». Il désire ainsi moderniser le modèle de démocratie représentative, « inventée avant l’apparition du code morse ».

Impliquer les citoyens à la vie politique de l’Union : le référendum d’initiative citoyenne

Malgré leur diversité les débatteurs du Bar commun partagent une même ambition : impliquer les citoyens dans la vie politique de l’Union, « comme nous le sommes dans la vie politique nationale. » Une voix dans la salle propose la création d’un « vrai référendum d’initiative citoyenne ». Les critiques fusent contre l’actuelle Initiative citoyenne européenne – jugée trop peu contraignante – qui permet de faire une proposition de directive à la Commission européenne si on obtient plus d’un million de signatures dans 7 Etats membres.

« La démocratie européenne est représentative, elle devient également participative avec le lancement des consultations citoyennes sur l’Europe » réplique Gaëtane Ricard-Nihoul. Si elle souhaite voir cette dynamique « s’accélérer », elle plaide pour le temps long. Et appelle tous les citoyens à contribuer aux consultations « pour faire remonter leurs propositions aux chefs d’Etat ». Cette ressortissante belge note le côté « Grand soir » des solutions proposées. Elle appelle toutefois à prendre en compte la pluralité du débat politique européen. « Est-ce que l’ensemble des peuples européens sont prêts à vous suivre ? Je n’en suis pas sûr » complète-t-elle.

« Moi je n’y comprends rien »

Echaudée par l’échange, Maud prend le micro : « Traité, constitution, référendum, … Des débats comme ça on en a pas chez moi en Ardèche. Je peux vous assurer que moi je n’y comprends rien. » « Vous devriez expliquer beaucoup mieux l’Europe » répond en écho une voix dans la salle. Maud demande la mise en place de « cours d’éducation à l’Europe, tout comme on a des cours d’éducation civique ».

« La démocratie ça s’apprend, certes, mais ça se pratique surtout. » Pour Pierre Haroche, co-fondateur du collectif À nous la démocratie, il convient de « supprimer les obstacles qui font que la prise de décision est lointaine ». Professionnel de l’éducation, Thomas Watanabe-Vermorel voit lui le besoin de travailler avec les médias sur l’information européenne. « Cela me désole, mais c’est encore la télévision qui touche le plus de monde. Et BFM TV ne fera jamais l’effort si on ne l’incite pas à parler d’Europe. »

4 propositions pour une Europe plus démocratique

En ligne et dans la salle, les échanges se concluent sur quatre grandes propositions. Elles alimenteront la restitution des consultations citoyennes sur l’Europe :

  • Convoquer une assemblée constituante européenne
  • Mettre en place un Sénat citoyen
  • Œuvrer pour une meilleure information sur l’Europe et obliger les médias à parler des enjeux européens
  • Aller bien au-delà de l’Initiative citoyenne européenne pour mettre en place un référendum d’initiative populaire.

Rendez-vous est pris le 31 octobre pour découvrir la restitution finale des consultations organisées partout en France.

Pour aller plus loin : prenez part aux consultations citoyennes sur l’Europe

Envie de faire entendre votre point de vue sur l’avenir de l’Europe ? Prenez part aux consultations citoyennes sur l’Europe en répondant aux 12 questions de l’enquête sur l’avenir de l’UE diffusée à travers les 27 États membres.